Oreille et Plume - G.F. Spencer - 14 février 2020
Virevoltant au gré du vent, Plume, insouciant ballerin, tire de sa pointe fragile ses inextricables arabesques. De mots en espaces, de virgules en points de suspension, il s’égare dans son lacis encré.
S’abandonnant au tangage des rimes, Oreille glousse, s’écarquille, frétillant de ces sublimes pulsations. Savourant sans honte ces entortillements, elle se mue en une corne et s’exclame soudain...
Je vous prie de poursuivre,
laissez donc ce paragraphe
De vos soupirs je m’enivre,
de vous lire je m’esclaffe !
Plume, surpris, lève la tête
Et déchire de sa griffe le fragile parchemin.
Oreille, ayant brisé la fête,
Veut ravaler son rire et partir en chemin.
Mais… où partez vous donc, lui demande Plume.
Une légende dites-vous, et pourquoi pas le ciel ?
Mais attendez un peu, n’espérez pas la lune
La conclusion viendra et vous deviendrez celle…
Oreille d’un coup se dresse, interrompant sa fuite
Mais qu’entend-il par là… suis-je peut-être elle ?
Que voulez-vous de moi, me flanquer une otite ?
Ou bien juste un toit, parapluie ou ombrelle ?
Vous êtes bien loin du compte, ma belle demoiselle
Vous avez la vertu d’entendre mes poèmes
La conclusion viendra, et vous deviendrez celle
D’où coulera mon encre, pour écrire je vous aime…