Le Loup et le Héron - G.F. Spencer 11/2019
Perdu dans le brouillard d’un matin de janvier
Se dressait un héron les pieds pris dans la glace
Quand surgit dans le noir un loup blanc affamé
Il n’eut d’autre façon que de lui faire face
Prend la route du nord, lui dit le malheureux
Je ne veux point partir, lui répondît Rama
Si jamais tu me mords, je te crève les yeux
Pourquoi donc me haïr ? Je ne te mordrai pas !
Je ne cherche que l’air et l’eau de ce pays
Car je ne suis point loup mais un ange gardien
Redescendu sur terre pour le mettre à l’abri
Cet enfant andalou qui sauvera les siens
Aussi blanc que le lait aussi pur que le sel
Toute âme qui te voit ne peut qu’être éblouie
Qui me dit que tu es bien cet être du ciel ?
Bien fou celui qui croit en un chien malappris !
Toi le héron écoute, tu es bien mal placé
Tu n’as rien dans le ventre et tu gâtes ton temps
Si de moi tu ne doutes, je pourrais bien t’aider
Et tu pourras m’apprendre où trouver cet enfant
Mais le héron siffla et fut donnée la chasse
Douze clinquants clairons et cent chiens enragés
La horde arriva, Rama resta de glace
Adressant au héron un regard amusé
Vous ne me tuerez pas car dans cet air si pur
De rien je fus créé et n’ai donc pas d’odeur
Toi ici tu mourras comme un traître au mur
J’aurais pu te sauver vil oiseau de malheur.
Toi Seigneur m’a guidé vers ce monde si triste
Des animaux rendus à des humains cruels
Ne m’envoie plus jamais sur terre à l’improviste
Et l’ange disparut lentement dans le ciel